Une mosaïque
Une mosaïque
Gallo-Romaine
Notre Béarn est, du point de vue archéologique, une région très favorisée.
Sans parler des monuments de l’architecture médiévale, que l’on y rencontre en assez grand nombre, le sol béarnais renferme bien des trésors de vieille date, témoins de l'opulente civilisation gallo-romaine. Certains de ces trésors, modestes en apparence, mais d’un réel intérêt archéologique, ont été récemment mis à jour et étudiés : ce sont les mosaïques gallo-romaines de Lescar de Jurançon, de Bielle, Lalonquette et Taron : les deux dernières presque intactes et bien conservées.
Le Village de Taron, près de Garlin, a connu, au XIX siècle dernier, en raison des fouilles qui y furent pratiquées, une certaine célébrité qui le classe parmi les villages intéressants au point de vue archéologique. Mais, actuellement, beaucoup de personnes ignorent qu'il existe à Taron peut-être la plus belle oeuvre d'art décoratif romain du département et la plus rare par sa richesse.
La mosaïque de Taron était déjà connue au XVIIIe siècle, mais ce n'est qu’en 1813 qu’on commença à s’occuper d’elle. Plusieurs archéologues successivement firent des recherches sur les lieux et résumèrent les résultats des fouilles dans d’intéressantes notices : en 1843, Badé : en 1853. L’abbé Darramon : en 1860, Paul Raymond : en 1865. l’abbé Laplace ; enfin, en 1909. M. Paul Courteault. professeur à la Faculté des Lettres de Bordeaux. A cette époque, trois pavements avaient été découverts : ils sont actuellement visibles dans toute la fraîcheur de leurs couleurs. Ils faisaient partis d'une villa gallo-romaine, de dimensions considérables puisqu'elle s'étendait sur un terrassement de 80 mètres sur 70 mètres, aujourd'hui occupé par l’église, le presbytère, le cimetière, la place publique et deux champs assez vaste séparés par un chemin encore pavé de ciment romain.
Le plus beau fragment se trouve enfoui dans le cimetière. Il fut découvert en 1908 par M. l'abbé Pédeprat, ancien curé de Taron. Le panneau (comme ceux de Lescar et de Jurançon) est orienté d'Est en Ouest. Il comprend deux motifs, séparés par une double cloison de deux bandes formées, l'une de losanges bleus, blancs, verts et rouges, l’autre par une torsade bleu pâle et blanc. Le premier motif se compose d’arcades plein cintre soutenu par des colonnettes à chapiteaux feuillagés qui encadre des motifs représentant alternativement des damiers bleus, rouges, jaunes, verts et des imbrications bleu foncé a fond rouge ou jaune.
L'autre motif représente deux volutes de feuillage vert, bleu pâle et rose entre lesquelles est figuré un poisson d’un travail très délicat. Les couleurs de ce pavement sont très riches et très variées. De plus, le tracé de la mosaïque se modifie suivant la délicatesse du sujet : les cubes sont plus petits pour permettre d'accentuer le modelé, et les transitions des teintes foncées aux teintes claires sont très délicatement ménagées. Cette mosaïque, qui n'a peut-être pas la finesse de celle de Bielle, est cependant d'une bonne époque, et il est permis de supposer qu'elle fut exécutée au IIIe siècle.*
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A l'heure où la France commence à renaître, où elle va recevoir la visite de tant d'étrangers qui veulent la mieux connaître pour l'aimer davantage, il semble opportun de signaler les richesses gallo-romaines de notre Béarn. Vestiges d'une civilisation dont nous sommes les tributaires et les héritiers.
C. Lacoste.
Source: Pau-Pyrénées - 18 décembre 1920
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